conséquences pour les entreprises de la démission de Lecornu

Conséquences pour les entreprises de la démission du Premier ministre Lecornu

La démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, le 6 octobre 2025, a provoqué une onde de choc dans le paysage politique français. Compte tenu de l’instabilité que cela engendre, les entreprises, qu’elles soient Grandes, PME ou TPE, doivent anticiper les répercussions possibles sur leur fonctionnement, leurs investissements et leur stratégie.

La démission de Lecornu

Sébastien Lecornu a été nommé Premier ministre le 9 septembre 2025, après la chute du gouvernement de François Bayrou. Le gouvernement Lecornu a été formé dans un contexte de forte fragmentation politique, avec une coalition fragile entre Renaissance, LR, MoDem et Horizons.

Le 6 octobre 2025, moins d’un mois après sa nomination, Lecornu remet sa démission, marquant le gouvernement le plus éphémère de la Cinquième République (durée d’environ 27 jours)

Sa décision est motivée par l’absence des conditions nécessaires pour gouverner dans une majorité instable, ainsi que le retrait annoncé des Républicains, fragilisant l’équilibre politique

Cette situation place la France dans une période de flottement politique, alors que le projet de loi de finances 2026 doit être voté à brève échéance, ce qui crée une incertitude majeure pour les acteurs économiques.


Incertitudes institutionnelles et politiques

Absence de stabilité gouvernementale

La plus immédiate des conséquences est l’instauration d’un climat d’instabilité gouvernementale. Durant la période de transition, le gouvernement démissionnaire n’exerce que les affaires courantes, avec des marges de manœuvre réduites pour prendre des décisions stratégiques majeures.

Les décisions budgétaires, les réformes structurelles ou les arbitrages entre ministères risquent d’être retardés, voire abandonnés. Cela peut freiner la mise en œuvre de plans d’investissement, de subventions ou d’aides sectorielles.

Report ou remise en cause du budget 2026

La démission survient à quelques jours seulement de la présentation attendue du projet de loi de finances pour 2026. Avec un gouvernement en affaires courantes, la tenue normale de ce processus budgétaire est compromise.

Cette incertitude budgétaire augmente le risque de défaut dans les prévisions des entreprises sur les subventions publiques, les investissements d’État ou les incitations fiscales.

Pression sur les marchés et crédibilité internationale

La démission d’un Premier ministre dans un contexte de crise économique est perçue comme un signe de faiblesse institutionnelle. Cela peut fragiliser la confiance des marchés, entraîner des dégradations de notation ou une hausse des taux d’intérêt exigés sur la dette souveraine française.

Risque de dissolution ou d’élections anticipées

Certaines voix politiques appellent à une dissolution de l’Assemblée nationale ou à des élections anticipées pour clarifier la situation politique. Une telle issue pourrait prolonger le vide décisionnel ou imposer des réorientations politiques abruptes.


Effets économiques immédiats

Mouvement de panique sur les marchés boursiers

Suite à l’annonce de la démission, la Bourse de Paris a réagi avec nervosité : les grandes banques françaises (Société Générale, Crédit Agricole, BNP Paribas) ont subi des pertes marquées de 3 à 4 % environ CNEWS. Ce mouvement de repli illustre l’impact direct sur le valorisation des entreprises cotées, particulièrement dans les secteurs perçus comme sensibles aux cycles politiques.

Tension sur les taux d’emprunt

L’incertitude politique pousse les investisseurs à exiger des primes de risque plus élevées pour prêter à l’État. Cela accroît le coût de la dette pour l’État et peut entraîner une hausse des taux pour les entreprises emprunteuses.

Frein à l’investissement

Selon plusieurs médias, l’instabilité politique incite les entreprises à geler les recrutements et les investissements à court terme, en attendant plus de clarté.

Les TPE / PME, déjà sensibles aux aléas, pourraient retarder des projets d’expansion ou de modernisation face à ce nouveau contexte.

Pression sur la trésorerie et les anticipations fiscales

Face au flou budgétaire, les entreprises peuvent craindre des modifications fiscales de dernière minute (impôts, taxes, incitations) et ajuster leurs plans de trésorerie pour absorber des chocs éventuels.


Impact sur les entreprises : investissement, embauche, trésorerie

Investissement ralenti ou temporairement gelé

En période d’incertitude politique, les dirigeants d’entreprise adoptent une attitude plus conservatrice : les investissements (capex, R&D, acquisitions) peuvent être reportés. Les projets non essentiels risquent d’être abandonnés pour préserver la stabilité du capital.

Recrutement à l’arrêt ou limité

Les entreprises, craignant un contexte défavorable, peuvent suspendre les embauches ou limiter les recrutements à des fonctions critiques. Le secteur artisanal, notamment, évoque déjà une crainte de baisse d’activité liée à cette instabilité politique

Trésorerie sous tension et priorisation des dépenses

Les entreprises avec une trésorerie serrée se focaliseront sur l’essentiel (salaires, dette, charges fixes) plutôt que sur des investissements risqués. La prudence l’emporte sur la croissance immédiate.

Accès au financement externalisé plus coûteux

Les prêts bancaires, les lignes de crédit ou les financements externes pourraient devenir plus coûteux ou conditionnés à des garanties plus strictes, en raison du contexte de risque accru. Les banques étant elles-mêmes affectées par la crise politique, elles pourraient durcir leurs critères de crédit.

Délais dans l’accès aux aides publiques ou subventions

La mise en œuvre des dispositifs de soutien publics (subventions, appels à projets, aides territoriales) est susceptible d’être retardée, voire suspendue, par la transition gouvernementale, réduisant la visibilité pour les entreprises dépendantes de ces mécanismes.


Secteurs particulièrement exposés

Certains secteurs sont plus sensibles aux bouleversements politiques et risquent d’être davantage affectés :

Banque et finance

Les établissements bancaires sont particulièrement exposés aux réactions des marchés et à la perception du risque souverain. Déjà, à l’annonce de la démission, les actions de banques ont subi une chute notable

Énergie, transition écologique, infrastructures

Les projets à long terme (énergies renouvelables, grands chantiers, infrastructures) nécessitent une visibilité politique. La démission fragilise ces secteurs en retardant les arbitrages et autorisations nécessaires. Novethic signale notamment que la transition durable pourrait être affaiblie par le manque de visibilité à long terme.

Immobilier et construction

Le secteur du bâtiment et de la construction dépend des politiques publiques d’aménagement, des aides à la rénovation et des normes environnementales. L’incertitude freinera les investissements immobiliers.

Entreprises exportatrices

Les entreprises ayant une dimension internationale peuvent ressentir les effets de la volatilité politique via les marchés des changes, la confiance des investisseurs étrangers et les décisions de politique commerciale ou tarifaire.

Startups et innovation

Les startups, souvent dépendantes de subventions publiques, de soutien à l’innovation ou d’un écosystème institutionnel stable, pourraient voir des retards dans les appels à projets ou un ralentissement du capital-risque.


Risques et signaux de danger pour les entreprises

Voici quelques risques à surveiller ainsi que des signaux d’alerte :

  • Retards législatifs : les lois structurantes (fiscalité, réforme du code du travail) peuvent être repoussées ou abandonnées.
  • Inflation de la prime de risque : les taux d’emprunt augmentent, pénalisant les entreprises endettées.
  • Restructuration des aides : les dispositifs de soutien (crédits d’impôt, subventions) pourraient être revus à la baisse ou supprimés.
  • Volatilité extrême des marchés : les investisseurs fuient les actions risquées, entraînant des variations brutales.
  • Perte de confiance interne : les salariés, fournisseurs ou clients peuvent douter et retarder des décisions clés.
  • Changement radical de direction politique : une nouvelle majorité pourrait remettre en cause les cadres réglementaires, les contrats publics ou les obligations environnementales.

Opportunités et stratégies d’adaptation en période d’instabilité

Même en période d’instabilité, des opportunités peuvent se dessiner pour les entreprises bien positionnées.

Profiter des actifs sous-valorisés

La volatilité peut faire apparaître des actions ou actifs publics sous-valorisés. Les entreprises dotées de bonnes capacités d’analyse pourraient identifier des opportunités de consolidation ou d’investissement stratégique.

Anticiper les réformes

Un nouveau gouvernement pourrait proposer des mesures de relance ou des incitations au redressement : il peut être opportun d’anticiper ou de positionner certains projets en visibilité (transition, numérique, green tech).

Renforcer la résilience interne

  • Recentrer les activités sur le cœur de métier
  • Alléger les coûts fixes
  • Constituer des réserves de trésorerie
  • Privilégier des financements à taux fixe

Collaboration et alliances stratégiques

Dans un contexte incertain, coopérer avec d’autres entreprises ou réseaux peut permettre de mutualiser les risques, partager des projets ou profiter d’économies d’échelle.

Communication proactive

Sur le plan interne (salariés) et externe (clients, fournisseurs), une communication claire et rassurante peut limiter l’impact psychologique de l’instabilité politique.


Comment les entreprises peuvent se préparer

Voici des recommandations concrètes que les dirigeants peuvent mettre en œuvre dès à présent :

Action stratégiqueDescription
Évaluation de la trésorerieS’assurer que l’entreprise dispose de marges de manœuvre en liquidité pour absorber les chocs.
Stress tests internesSimuler des scénarios de crise politique : baisse de revenu, surcoût de crédit, retard d’aide publique.
Maturité de la detteFavoriser les emprunts à taux fixe ou renégocier les conditions si possible.
Portefeuille d’investissements prudentsReporter ou limiter les investissements non indispensables jusqu’à plus de visibilité.
Veille politique et réglementaireSuivre les annonces ministérielles, les évolutions de la majorité, les projets de loi.
Flexibilité opérationnelleAdapter les coûts et les effectifs rapidement selon les évolutions.
Dialogue avec les parties prenantesTravailler avec les banques, fournisseurs, clients pour anticiper les impacts.
Stratégie de repositionnementSe positionner sur les secteurs potentiellement favorisés par le nouveau gouvernement.

La démission du Premier ministre Sébastien Lecornu constitue une secousse politique aux répercussions importantes pour le monde économique français. En instaurant une période d’incertitude sur le plan institutionnel, budgétaire et légal, cette crise met les entreprises en situation de fragilité, en particulier celles qui s’appuient fortement sur les aides publiques, les financements externes ou l’investissement à moyen terme.

Pour limiter l’impact, les entreprises doivent adopter une posture proactive : renforcer leur trésorerie, fluidifier leurs coûts, anticiper les scénarios de crise, et rester prêtes à adapter leur stratégie selon l’évolution politique. Cependant, des opportunités peuvent également émerger pour les acteurs agiles qui sauront identifier les secteurs porteurs ou les actifs sous-valorisés dans cette période.

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